rencontre avec des représentants de l’OIP

Jeudi 12 octobre 2023, deux représentantes de l’OIP France (l’Observatoire International des Prisons) sont venues rendre visite à la classe de Terminale option DGEMC, animée par Mme CRAMER. Cette intervention avait pour objectif d’enrichir la partie « grands enjeux du monde contemporain » du programme, en abordant le sujet de la surpopulation carcérale.

Mireille Jeigle, bénévole, et Morgane Bras Gonçalves, en Service Civique, ont répondu à toutes nos questions sur la vie carcérale à travers une conférence dynamique, très appréciée par les élèves.

Qu’est-ce que l’OIP ?

Pour un peu d’histoire, la section française de l’OIP a été créée en 1996 par un directeur de prison, un avocat et un ancien détenu. Sa mission première était de faire appel au respect des droits fondamentaux des prisonniers. C’est une organisation indépendante qui ne pénètre pas dans les prisons pour garder une vision objective des situations mais travaille avec des correspondants intra-muros. Ainsi, L’OIP est chargé de mener des enquêtes sur le milieu carcéral, de recueillir des informations sur les détenus, de proposer des lois mais surtout de préparer la sortie et la réinsertion des détenus.

Pour commencer, les deux intervenantes nous ont proposé un « brise-glace », qui nous a permis de nous débarrasser de nos fausses idées et de nos a priori sur la prison. Ainsi, nous avons chacun proposé des mots qui nous rappelaient le milieu carcéral et nous les avons analysés pour mieux les comprendre. Dès lors, nous avons beaucoup appris :

Le saviez-vous ?

  • Les cellules font 9m carré et accueillent en moyenne 3 personnes (parfois 4 en cas de surpopulation carcérale). Les prisonniers avec de longues peines, de plus de 5 ans sont enfermés seuls et les détenus passent pour certains 23h par jour dans leur cellule (seulement 1 heure de balade quotidienne)
  • Il est possible d’être incarcéré à partir de 13 ans, dans quel cas ces personnes intègrent des prisons spécialisées pour mineurs (qui possèdent la scolarisation en plus) avec les mêmes conditions de vie que celles pour les majeurs.
  • La durée moyenne d’une peine de prison est de 9 mois et seulement 2% des incarcérations sont dues à des crimes (le reste constituent des délits)
  • Les détenus conservent leur droit de vote mais il est cependant difficile à mettre en place et peu de détenus votent (l’OIP essaye d’améliorer cette situation)
  • Les détenus n’ont pas accès à internet et il existe de nombreuses campagnes pour autoriser son accès.
  • Les téléphones portables sont interdits, mais ils sont tout de même présents en prison de façon illégale, cela entraine des conseils de discipline causant des rallonges de peine (à vérifier).
  • En France il y a 73 693 détenus soit 109 pour 100 000 habitants. C’est un chiffre en augmentation et cela s’explique par la création de nouveaux délits et l’allongement des peines.
  • Les surveillants ne sont pas armés et les seules armes sont dans les miradors qui surveillent les balades quotidiennes. C’est une mesure, de sécurité pour les détenus comme pour les surveillants.
  • Les soins médicaux sont prodigués en prison mais cela reste compliqué et de nombreuses inégalités en résultent par manque d’approvisionnement.
  • En France, 2 300 détenus dorment sur des matelas au sol dans les cellules, à cause de la surpopulation carcérale.
  • Pour la cantine, ce n’est pas l’endroit où les détenus mangent ensemble car ils mangent en cellule, mais c’est une zone où les détenus se font livrer leurs courses et s’achètent ceux qu’ils veulent grâce à l’argent donné par leur famille.
  • Les détenus n’ont pas tous accès à une formation pour la réinsertion. Car peu de places sont offertes. La prison n’est pas un lieu d’apprentissage et il y a seulement 1 conseiller de réinsertion pour 100 détenus. 
  • Enfin, les étrangers représentent 23,2 % des détenus, les femmes 3,6%, les mineurs 0,8%, les prévenus (en attente de jugement) 27,1 %, les sans diplôme 4,4%, et 90% ne possèdent pas le bac.

Témoignage d’un détenu

Puis, nous avons lu une lettre poignante d’un détenu, envoyée à l’OIP. En effet, les détenus peuvent communiquer des lettres à l’organisation. La personne relatait la violence à laquelle il faisait face quotidiennement et le manque d’hygiène auquel il était confronté.

La rénovation des prisons est très compliquée et la construction de nouvelles prisons n’est considéré urgente qu’en cas d’insalubrité. Aujourd’hui la France fait face à une surpopulation carcérale de 118 %.

De plus, la sécurisation des détenus prime dans le milieu carcéral et il existe beaucoup de violence entre détenus, mais aussi de surveillant à détenu. Ce problème fait partie des actions de l’OIP.

Débat : Autoriser les téléphones portables en prison ?

Nous avons aussi débattu sur le thème de l’autorisation du téléphone portable dans les cellules.

Du côté “pour” les arguments étaient : l’accès à une source d’amusement (23h dans une cellule c’est moralement difficile), l’accès à des sites d‘éducation et de nombreuses œuvres littéraires, la possibilité de communiquer avec la famille…

Cependant, le parti “contre” affirmait que : l’accès à internet, à des divertissements et la possibilité de communiquer avec leur famille, leurs amis 24h/24h irait à l’encontre du principe même de la prison.

Enfin nous avons regardé une vidéo sur des organisations (entreprises, associations) qui accueillent des TIG. En effet, il existe des peines alternatives à celle de la prison comme : Les TIG (Travaux d’Intérêt Général), les amendes, le bracelet électronique, le retrait du permis… Certaines de ces peines alternatives ne concernent que les sursis. Ces peines alternatives sont l’une des solutions permettant de limiter la surpopulation carcérale.

Pour conclure, c’était une intervention passionnante qui nous a permis d’apprendre sur un milieu qui peut paraître “tabou”. Les activités proposées ont été particulièrement appréciées et la conférence a pris une tournure conviviale sans perdre de vue l’aspect informatif.

Témoignages

  • « Une intervention très enrichissante, nous nous sommes débarrassés de nos a priori »
  • « Franchement c’était super, c’est presque passé trop vite ! »
  • « C’était ludique et dynamique et la lettre du détenu qui évoquait son quotidien nous a permis d’ouvrir les yeux sur la réalité de la vie en prison »