Atelier Echecs

Mais d’où vient cette effervescence le jeudi midi dans la salle adjacente au CDI collège ?


Un bourdonnement d’élèves attirés par la même activité. De quelle activité s’agit-il ?
Est-ce de la lutte ou un combat ? Car les élèves s’affrontent et échangent bel et bien des coups. Assiste-t-on à une forme de spectacle ? L’aspect théâtral est bien présent mais les personnages sont incarnés par des figurines et les dialogues y sont bien curieux : « a4, Cc5, Fg4 ». On ne peut nier le caractère sportif de l’activité tant elle requiert de l’énergie et de la concentration.
Cette occupation en appelle également à nos sens, à nos émotions, à notre intuition et surtout à notre intellect. Elle exerce une curieuse fascination sur notre esprit humain et bien qu’il se dégage une forme de beauté dans l’exécution de la tâche, peut-on pour autant dire qu’il s’agit d’un art ?
Mais qu’est-ce donc que cette occupation qui a mobilisé plusieurs dizaines d’élèves et attiré bien d’autres ?
Vous l’aurez probablement deviné, il ne s’agit rien de moins que ce bon vieux jeu millénaire: les Échecs.
Les personnages ne sont autres que les pièces du jeu. Le combat livré se joue sur un plan cérébral et l’agressivité est sublimée dans un univers neutre et symbolique.
L’exercice est bel et bien un sport. Il se pratique dans le respect de règles, on y apprend ainsi le respect de l’autre et de soi-même. Il requiert une rigueur, une discipline, et peut être éprouvant physiquement.
Le statut sportif de la discipline échiquéenne vient tout juste -15 mars 2022- d’être reconnu comme telle par notre ministère*.
L’esthétique dans le jeu est présente à bien des égards : l’harmonie dans l’agencement des pièces sur l’échiquier, les combinaisons même c’est-à-dire, l’enchainement des coups qui amène à une position dominante ou la victoire. Il existe une forme de mystère contemplatif dès lors qu’après une mûre réflexion, l’idée finit par jaillir et que l’on solutionne l’énigme liée à la position. Cette expérience vécue comme propre et singulière s’apparente à la découverte d’un trésor.
Parfois considéré comme désuet, récemment remis au goût du jour depuis le confinement et surtout grâce au succès de la série inspirée du roman de Walter Travis Queen’s gambit (le jeu de la Dame en français), le célébrissime « jeu des rois » mérite bien l’appellation de « roi des jeux ».
Concentration, attention, mémoire, socialisation, verbalisation, compétences visio-spatiales, canalisation de l’énergie et maîtrise de ses émotions… On ne compte plus les nombreuses compétences et vertus que le riche jeu des 64 cases développe et met en jeu.
Une trentaine d’élèves répartis en 4 groupes ont répondu à l’appel et se sont retrouvés le midi de façon assidue dans la salle voisine au CDI du collège. 3 groupes le jeudi 12h 55 à 13 h 40 et un autre le vendredi de 11h 55 à 12h 40.
Goût du défi, émulation saine, beauté des pièces n’expliquent pas tout l’engouement. Devant le plateau de jeu, quel que soit sa culture, que l’on soit en 6e ou en 3e ou un enseignant, un bon élève ou un élève moyen, que l’on soit un garçon ou une fille, les différences s’estompent et les élèves entrent en communion. Certes, ils se font face mais animés par la même passion et le même but, celle de la compréhension du jeu. Ce qui correspond à la devise des échecs « Gens una summus », nous sommes un peuple.

https://www.education.gouv.fr/une-nouvelle-etape-en-faveur-du-renforcement-de-la-place-du-jeu-d-echecs-en-milieu-scolaire-340730